Après le décès de Raymond Aubrac le 10 avril dernier, un habitant de la Villeneuve a tenu à parler de son rapport avec cette grande figure de la Résistance.
"C'est grâce à lui que je me suis lancé en politique", martèle Abdelkader Benyoub lorsqu'il nous appelle pour parler de Raymond Aubrac. Et il le concède lui-même : rien, a priori, ne devait rapprocher cet habitant de la Villeneuve, né à La Tronche, membre actif du groupe 38Napalm et le résistant Raymond Aubrac. Et pourtant. "Au collège, j'étais dans la classe de sa petite-fille, Delphine. Tout le monde ne savait pas qu'elle était la petite fille de Raymond Aubrac, mais en faisant connaissance avec elle, elle me l'a dit".
Premier contact. "En côtoyant sa famille, j'ai appris à mieux connaître la société française, une autre facette de la société, en fait, que je ne connaissais pas". Alors Abdelkader sort un exemplaire un peu jauni du magazine municipal de Saint-Martin-d'Hères. Le document date de mars 1997. Abdelkader a 24 ans. Le couple Aubrac est à l'Heure Bleue, pour discuter du film de Claude Berri, «Lucie Aubrac». "Comme je connaissais la famille, j'ai pu leur parler". Sur son numéro de «SMH Mensuel», Lucie Aubrac écrit : "Pour Kaki [le surnom d'Abdelkader, NDLR, qui a compris que la liberté se protège, se défend et s'affirme face aux fascistes menaçants". Et Raymond ajoute, au bas du journal : "Kaki, si tu es sûr de gagner, tu gagneras". "Kaki, tu as gagné, continue", écrit encore, à l'encre plus fraîche, le résistant, lors d'une nouvelle rencontre en 2008. "Un combat de couple" 'Tu sais, normalement, quand tu fais un truc, à un moment tu t'arrêtes, mais là, si j'arrête pas, c'est pour ça", souffle Abdelkader, ému, en désignant le vieux journal, "L'abnégation que j'y mets, je la lui dois, Eux, ils ont fait qu'on est là".
Le Grenoblois ne prend pas la peine de dissimuler son émotion. Comme si, sur ses combats d'aujourd'hui - la discrimination, le racisme, la situation des banlieues - planait l'ombre du résistant. En 2007, Abdelkader Benyoub se présente 'aux législatives. Et figure sur une liste, aux municipales de Saint-Martin-d'Hères, en 2008. Dernier combat en date les cantonales de 2011.Il se présente sur le canton 6, avec son épouse, Marjorie Mathieu.
"Être soutenu par ta femme, ça te rend plus fort, toujours", assure-t-il en soulignant au passage cet autre point commun partagé avec les résistants. Un "combat de couple"
(c) GRENEWS Sarah Lachhab
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