Rechercher dans ce blog

Image

Tout le monde à un avis sur les jeunes, mais peu s'en occupent

LA VILLENEUVE : Le fait-divers d'Échirolles écorne l'image d'un quartier déjà marqué par l'été 2010 

« Tout le monde a un avis sur les jeunes mais peu s'en occupent » 

L'été 2010 est encore dans leur esprit. Les plus forts tentent depuis des mois de redorer l'image largement écornée du quartier de La Villeneuve à travers de multiples actions. Mais le double meurtre survenu vendredi dernier à Échirolles a une fois de plus mis à terre beaucoup d'espoirs. Entre indignation et pudeur, ces habitants savent qu'une fois de plus ils seront montrés du doigt.

« Qu''est-ce qu'on a fait de notre jeunesse ? » scande Abdlekader Benyoub, habitant de La Villeneuve et candidat lors des dernières élections cantonales, bien connu et apprécié dans le quartier. Cet écorché vif qui n'hésite pas à prendre la parole, à parler haut et fort dans les réunions publiques, devenant presque le "cauchemar" de la municipalité, est le seul à accepter de parler à visage découvert. « Je veux avant tout respecter le deuil des familles, c'est important... ». 
 

« À La Villeneuve, il y a deux mondes qui se côtoient mais jamais ne se parlent » 

À visage découvert comme il le fait à chaque fois : « J'assume tout ce que je dis et cela fait des années que je me bats. Mais j'ai l'impression de crier dans le désert, y a personne .! ». « Attention, ce qu'il s'est passé n'est pas excusable, c'est de la barbarie à l'état pur, c'est horrible. 

Le double meurtre survenu vendredi dernier à Échirolles a une fois de plus mis à terre beaucoup d'espoirs. Entre indignation et pudeur, les habitants du quartier savent qu'une fois de plus ils seront montrés du doigt. 
 
Mais j'estime qu'il y a beaucoup de responsable de cette situation. Où sont les structures sociales ? Et où est le résultat du travail des associations subventionnées par la Ville ? On ne leur demande pas des comptes ? Si les responsables n'y arrivent pas, alors qu'ils laissent la place. Il y a trop de gens qui ne pensent qu'à leur carrière ». 
 
Il parle vite et fort, difficile de l'arrêter. 
 
« Quand un gamin quitte l'école à 12 ans, il n'a pas le bagage nécessaire pour exprimer sa pensée, il va au plus simple, il va utiliser ses poings... À La Villeneuve, il y a deux mondes qui se côtoient mais jamais ne se parlent, faut pas se voiler la face ». 
 
Lui se dit toujours prêt à dialoguer avec la municipalité. 
 
« Seulement, il faut être prêt à entendre les vérités qui fâchent ». 
 
Un animateur du quartier qui tient à préserver son anonymat le rejoint un peu dans ses propos :« Il y a beaucoup de gens pour parler de la jeunesse mais peu s'en occupent réellement finalement ».« Les organisateurs de la marche blanche ont été formidables » 

« Quand un jeune va faire du bruit avec un scooter, on va mettre tous les jeunes dans le même sac, alors que beaucoup d'entre eux ont du potentiel. Je dois dire que je n'ai pas davantage de soucis ici que quand je travaillais ailleurs. Et c'est toujours le même problème qui se pose à nous : faut-il davantage réprimer ou davantage éduquer ? J'ai vraiment plaisir à faire ce métier quand il y a de l'interaction avec les jeunes. Je travaille avec un groupe pour que chaque personne mette en valeur ses points forts. Ce sont des petites actions qu'il faut valoriser ». 
 
Un autre travailleur social ne cache pas le traumatisme de cette terrible affaire. 
 
« Les gens en ont marre aussi que les médias mélangent tout, qu'ils con-fondent La Villeneuve de Grenoble, avec la Ville Neuve d'Échirolles, qu'ils tombent facilement dans les clichés ». 
 
Paradoxalement, ce genre de situation crée aussi des élans de solidarité. 
 
« Les gens d'Échirolles ont vu qu'il y avait beaucoup de Grenoblois à la marche blanche. Et je dois dire que les organisateurs de cette marche ont été formidables. Ils ont mené une action d'une grande force et d'une grande beauté. Beaucoup de Grenoblois veulent s'associer aux associations échirolloises afin de participer à des réflexions à engager le dialogue.Dans l'adversité, c'est la fraternité qui s'impose ». 

Salèra BENARBIA 
(c) DL GRENOBLE - OCTOBRE 2012
 

Commentaires

Les articles récents