Il est assis à la terrasse d’un café, place Gustave Rivet à Grenoble. Discute avec un homme qu’il ne connaissait pas quelques minutes plus tôt et qui, en partant, le remerciera de se présenter « parce que c’est important de porter ces sujets là dans le débat politique ».
Candidat aux législatives, Abdelkader Benyoub n’a pas les moyens de la plupart de ses adversaires sur la troisième circonscription, « mais ce n’est pas grave. Je sais qu’il reste peu de temps avant le premier tour, mais j’irai partout, je parlerai avec tout le monde. À cœur vaillant, rien d’impossible ».
Un sourire plus tard, le Grenoblois, âgé de 42 ans, père de deux enfants, nous parle d’une rencontre qui a changé sa vie : « Lucie et Raymond Aubrac m’ont donné l’envie et la force de défendre la démocratie. En fait, ma campagne a commencé il y a vingt ans, à travers des actions de terrain et les associations que j’ai lancées, qui ont pour but que les citoyens se réapproprient le débat public, qu’ils connaissent leurs devoirs et leurs droits, qu’ils sachent à quelle porte frapper ».
« Je ne veux plus que les jeunes squattent les murs »
L’une de ces associations, c’est “Allons quartiers !” ; mais Abdelkader Benyoub, qui se définit comme « un entrepreneur social », a préféré se lancer sous l’étiquette “Libérons les énergies”, « parce que c’est beaucoup moins restrictif : quand on se présente à une élection, ce qui m’est déjà arrivé à deux reprises, on doit s’adresser à tout le monde ».
Mais dans la discussion, les quartiers, et leur jeunesse, prennent beaucoup d’espace. « Je reproche aux élus en place d’avoir utilisé la politique de la ville à des fins électoralistes, ça fait des années que je dénonce le clientélisme, des années que je dénonce le misérabilisme, le mélange entre le politique et le fait religieux, qui nous mènent à la situation que nous connaissons aujourd’hui.
Oui, j’en veux aux politiques, parce qu’ils sont responsables. Moi, ce que je veux, c’est redonner de l’espoir à la jeunesse de nos quartiers, lui rappeler que la France est un merveilleux pays qui a tous les atouts pour réussir. Moi, les jeunes, je vais les voir, je leur parle, je prends même des risques, parfois. Et je ne veux plus qu’ils squattent les murs, il y a tellement de talents dans nos quartiers ».
Mais « attention, la France n’est pas un guichet non plus, il faut réformer l’apprentissage, faire sauter des verrous et des normes, permettre les opportunités, mais après, une fois que les outils seront là, c’est au jeune de saisir sa chance ».
Abdelkader Benyoub sourit une nouvelle fois :
« Il y a deux France qui ne se parlent plus, il y a comme un mur entre les deux. Quand on fera tomber ce mur, alors, c’est toute la France qui gagnera »
« J’ai déjà gagné ». Voilà, en quelques mots, ce que répond d’emblée Abdelkader Benyoub quand on l’interroge sur ses chances de devenir député au mois de juin.
« Les actions associatives que je mène, cela me prend du temps, cela me coûte de l’argent, mais ce n’est rien par rapport au bonheur que ça peut apporter aux gens. Eh bien l’engagement politique, c’est pareil. La politique a besoin de gens comme moi, qui portent un langage de vérité. Rappelez vous ce que je disais sur la ghettoïsation éducative. Ça a été repris depuis, au plus haut niveau. Je n’ai jamais eu peur de dire ce que je pense, sur le clientélisme, sur les bombes à retardement qui mettent en danger notre société » mais « l’essentiel, finale ment, ce n’est pas moi, c’est que mes idées avancent ».
(c) DL S.ECHINARD
27 05 2017
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